La Bible fait référence à deux liste royales: une pour Israël, et une pour Juda. Voici ces listes, avec les dates de règnes couramment admises, et le cas échéant, les sources extra-bibliques les attestant.
Rois d'Israël | Début de règne |
Fin de règne |
Particularité biblique | Source extra-biblique |
Saül | -1025 | -1005 | Règne de 40 ans | |
David | -1005 | -970 | Règne de 40 ans | Stèle de Tel Dan? * |
Salomon | -970 | -931 | Règne de 40 ans | |
Jéroboam | -931 | -909 | ||
Basha | -908 | -885 | ||
Omri | -884 | -873 | Stèle de Mésha | |
Achab | -873 | -852 | Monolite de Kurkh | |
Ochozias | -852 | -851 | ||
Joram | -851 | -842 | Stèle de Tel Dan? * | |
Jéhu | -842 | -814 | Tribut à Salmanasar III (Assyrie) | |
Joachaz | -817 | -800 | ||
Joas | -800 | -784 | Tribut à Adadnirari III (Assyrie) | |
Jéroboam II | -788 | -747 | Sceau portant son nom à Mégiddo | |
Menahem | -747 | -737 | Tribut à Téglat-Phalassar III | |
Osée | -732 | -724 | Intronisé par Téglat-Phalassar III |
Rois de Juda | Début de règne |
Fin de règne |
Particularité biblique | Source extra-biblique |
Saül | -1025 | -1005 | Règne de 40 ans | |
David | -1005 | -970 | Règne de 40 ans | Stèle de Tel Dan? * |
Salomon | -970 | -931 | Règne de 40 ans | |
Roboam | -931 | -914 | ||
Asa | -911 | -870 | ||
Josaphat | -870 | -846 | ||
Joram | -851 | -843 | Stèle de Tel
Dan? * |
|
Ochozias | -843 | -842 | Parfois nommé Joachaz | Stèle de Tel
Dan? * |
Athalie | -842 | -836 | ||
Joas | -836 | -798 | Règne de 40 ans | |
Amasias | -798 | -769 | ||
Ozias/Azarias | -785 | -733 | Deux sceaux portent son nom | |
Yotam | -743 | -729 | ||
Achaz | -743 | -727 | Tribut à Téglat-Phalassar III | |
Ezéchias | -727 | -698 | Inscriptions de Lakish. Tunnel à Jérusalem | |
Manassé | -698 | -642 | Tribut à l'Assyrie | |
Josias | -639 | -609 | Tué par le pharaon Néko II (Egypte) | |
Joiaqim | -608 | -598 | ||
Sédécias | -596 | -586 |
* La stèle de Tel Dan est datée entre -850 et -800. Elle pourrait
faire mention d'une "maison de David", mais le texte n'est pas
très clair et d'autres interprétations ont été proposées. Elle
mentionnerait aussi des rois comme Joram d'Israël et Joram et
Ochozias de Juda, mais là aussi, le texte est si fragmentaire que
diverses interprétations ont été proposées.
Etude des listes
Comme on peut le voir, certains rois de Juda portent le même nom que des rois d'Israël (ou un nom très similaire). Si l'on fait une comparaison entre les deux listes concernant la période d'avant -800, on peut raisonnablement penser que la liste de Juda est une sorte de "miroir" de celle des rois d'Israël.
Premièrement, les trois premiers rois de la liste que sont Saül,
David et Salomon, sont présentés comme régnant sur un "royaume
unifié", composé du territoire d'Israël et de Juda. Cette vision
d'un grand royaume dirigé depuis Jérusalem est invalidée par les
preuves archéologiques. Il a été démontré que le royaume antique
d'Israël n'a jamais été dominé depuis Jérusalem, et que le royaume
de Juda est resté séparé de celui d'Israël jusqu'à la chute finale
de ce dernier, vers -722. De plus, les trois règnes durent
exactement 40 ans chacun, ce qui est hautement suspect. Tout se
passe comme si les auteurs bibliques ont oublié les détails de ces
règnes.
Ensuite, on voit que les noms des rois de Juda suivent plus ou
moins la liste des rois d'Israël. On peut faire des parallèles
entre les rois suivants (Juda à gauche, Israël à droite) :
Roboam (-932 à -915) – Jéroboam (-931 à -910)
Asa (-912 à -871) – Basha (-909 à -886)
Josaphat (-870 à -846) – Omri et Achab (-884 à -852)
Joram (-852 à -841) – Joram (-854 à -842)
Ochosias (-842) – Ochosias (-853)
Atalie (-842 à -836) – Jézabel ?
Joas (-836 à -797) – Joas (-798 à -782)
Selon la Bible, Roboam de Juda (« celui qui fait augmenter le peuple ») est en guerre avec Jéroboam d’Israël (« son peuple est nombreux »). Puis son successeur, le bon roi Asa de Juda combat le mauvais roi Basha d’Israël. Les noms de ces deux rois sont difficiles à interpréter. Selon les sources, Asa (aleph-samekh-aleph) signifie "guérisseur" ou "père et seigneur". La racine de ce nom (aleph-samekh) pourrait être égyptienne. Le nom Basha, quant à lui, s'écrit bet-ayin-shin-aleph. Il pourrait signifier « Baal entend », mais cela est très discuté parmi les spécialistes. L'étymologie de ces deux noms étant si difficile à trouver, cela semble indiquer qu'ils ne sont peut-être pas d'origine hébraïque.
Vient ensuite le temps des alliances. Josaphat (« Yahweh juge ») aurait contracté une alliance avec Achab (« frère du père »), fils d’Omri (« Yahweh est ma vie ») et mari de Jézabel. On retrouve ensuite deux rois de Juda : Joram et Ochosias, qui ont exactement les mêmes noms que deux rois d’Israël. Leurs règnes sont simplement inversés.
Atalie (« Dieu/El est exalté ») vient ensuite. On ne sait pas
bien si c’est la sœur d’Achab, ou sa fille. Il est surprenant de
voir une femme régner sur Juda et promouvoir le culte de Baal, et
cela peu de temps après qu’une certaine Jézabel (« Baal existe »)
ait fait exactement la même chose en Israël.
Le dernier roi de Juda d’avant -800 est Joas (« Donné par Yahweh
»), qui trouve son « double » dans le Joas d’Israël. Étrangement,
le règne du Joas d’Israël commence juste après que celui du Joas
de Juda finisse.
Conclusion
Il semble donc que les rois de Juda d’avant -800 soient une simple copie déformée de la lignée - elle sans doute bien réelle - qui règne sur Israël. Si l'on écarte la stèle de Tel Dan, qui est sujette à de nombreuses controverses, il n’existe aucune preuve extra-biblique d’une monarchie de Juda constituée avant -800.
De plus, les récits bibliques décrivant les agissements des rois de Juda d’avant -800 sont pour la plupart invalidés par les preuves extra-bibliques. La splendeur du royaume de David, ainsi que la grandeur du temple de Jérusalem sous Salomon, ne sont attestés par aucune preuve archéologique, bien au contraire !
Pour conclure, on peut dire que même si l'histoire des rois d'Israël est bien attestée à parti d'Omri (peu après -900), celle des rois de Juda n'est connue qu'à travers la Bible avant -800. Cela doit nous inciter à la plus grande prudence lorsqu'on considère le récit biblique avant cette date.