La deuxième prophétie du livre des témoins de Jéhovah Parole de Dieu parle du sort de la ville de Tyr. Le prophète Ezéchiel, « qui prophétisa de la fin du VIIe siècle avant notre ère jusqu’au VIe siècle », aurait annoncé à l’avance la destruction de cette ville en détails, en précisant que les murs et les tours de Tyr seraient démolis et mises au milieu de l’eau (Ézéchiel 26:3, 4, 12).

Le livre précise que le roi de Babylone Nébucadnezzar (Nabuchodonosor) assiégea Tyr quelques années seulement après que la prophétie ait été prononcée. Toutefois, ce livre prétend que la prophétie se serait réellement accomplie seulement en 332, soit des siècles plus tard, lorsqu’Alexandre le Grand a démoli la partie continentale de Tyr pour construire une énorme jetée destinée à assiéger la ville insulaire. Selon les Témoin de Jéhovah, « la prophétie d’Ézéchiel s’accomplissait [alors] jusqu’au plus petit détail, car même ‘les pierres, et les charpentes, et la poussière’ de la Tyr ancienne avaient été ‘mises au milieu de l’eau’ ». Ainsi, la ville avait été totalement rayée de la carte.

Cela est impressionnant, n’est-ce pas ? Seul un prophète inspiré par Dieu lui-même pourrait prédire le sort d’une ville avec autant de détails, et ce des siècles à l’avance.

La rédaction du livre d’Ezéchiel : quand ?

La première question à se poser est de savoir quand la prophétie d’Ezéchiel a vraiment été écrite. Dans l’Introduction à l’Ancien Testament (p. 439), il est dit qu’Ezéchiel situe ses propres écrits au début du VIème siècle, précisément entre 593 et 573. Toutefois, il est précisé plus loin (p. 452) que les chapitres 25 à 29 d’Ezéchiel ont été écrits plus tardivement, durant l’époque perse. Or, cette époque se termine justement avec les conquêtes d’Alexandre le Grand vers 330 av. n. è.

Cela implique donc que la prophétie n’a rien de prémonitoire. Une première version de la prophétie d’Ezéchiel concernait sans doute la première destruction de Tyr par Nébucadnezzar, et a pu être couchée par écrit peu de temps après l’attaque de la partie continentale de la ville. D’ailleurs, la prophétie cite Nébucadnezzar nommément, lui attribuant clairement la destruction de la ville (Ezéchiel 26:7-11).

Ensuite, le texte aurait pu être complété lorsqu’Alexandre le Grand a attaqué la partie insulaire de Tyr, des siècles plus tard, ajoutant ainsi des détails suffisants pour faire croire à une prévision divine. On trouve d’ailleurs ces détails dans la deuxième partie de la prophétie (Ezéchiel 26 : 12-21), partie qui présente soudain la destruction comme n’était plus le fait de Nébucadnezzar, mais celle de Dieu lui-même.

Cette façon de faire était courante dans l’Antiquité. De nombreux livres bibliques ont été ainsi modifiés ou même entièrement écrites après les événements qu’ils étaient censés prophétiser à l’avance, et ce dans le but de faire croire à leurs lecteurs que la prophétie était divinement inspirée. Comme nous l’avons déjà vu, ce fut le cas pour les livres d’Isaïe et de Jérémie.

Tyr rayée de la carte ?

Une autre question vient à l’esprit. C’est celle de savoir si la prophétie s’est bien réalisée comme le livre d’Ezéchiel semble l’annoncer. Pour que ce soit le cas, il faudrait que la ville de Tyr ait été totalement rayée de la carte, et que l’on ait oublié jusqu’à son emplacement. En effet, la prophétie annonce clairement que l’ « on cherchera [la ville], mais on ne te trouvera plus — pour des temps indéfinis » - Ezéchiel 26:21, TMN.

Bien que les témoins de Jéhovah prétendent que la ville ait été totalement détruite par Alexandre en 332 av. n. è, ils avouaient néanmoins en 1932 que « Jésus a visité Tyr de son vivant, montrant ainsi que la ville existait encore (Matthieu 15:21). » - Vindication (p. 58-60). D’ailleurs, en 2008 la ville compte environ 60'000 habitants, ce qui démontre bien que la prophétie biblique ne s’est effectivement pas accomplie.

De plus, il faut bien se rendre compte que de nombreuses prophéties bibliques ont prédit la ruine et la destruction aux voisins d’Israël et de Juda, et parfois à Israël et à Juda eux-mêmes. Il est évident qu’un jour où l’autre, un royaume ou une ville antique était destinée à être attaquée et détruite sous les assauts de ses ennemis. Ce fut le cas de nombreuses villes antiques.

Faut-il donc voir dans l’anéantissement d’une ville la réalisation de paroles « prophétiques » ? Ou bien faut-il comprendre que la prophétie est alors tombée juste simplement parce qu’elle avait de grandes chances de le faire ? En la matière, chacun est libre de croire ou non. Il faut toutefois comprendre que contrairement à ce que les témoins de Jéhovah prétendent, il n’existe aucune preuve formelle de la préscience divine de la Bible en la matière, bien au contraire.

L’étude suivante, qui concerne le livre de Daniel, est éloquente. Continuons donc notre examen du livre Parole de Dieu.

Lire la suite : Les visions du prophète Daniel

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